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Sénégal à coeur ouvert - part 2

Dernière mise à jour : 26 janv. 2019


Sénégal, Octobre 2017. Eva a prévu de partir au Sénégal avec son ami Loïc. Et forcément, Vaite devra faire partie du voyage, il le faut. C'est dans ce contexte que cette dernière voudra écrire... vraiment. Comme si là-bas, en Afrique, tout était exacerbé : les odeurs, les couleurs, la chaleur... L'envie d'exprimer, d'extirper la douleur, mais aussi retrouver la simplicité du bonheur. La semaine dernière, Vaite nous partageait ses premières impressions au Sénégal... Suite de l'immersion aujourd'hui. (Lire la partie 1 ici).

Texte : Vaite LEBIHAN (Adaptation : T CALISSI) / Photos : Vaite LEBIHAN, Eva Vpori, Loic Bourret.


Sally, Sénégal

Au réveil, il fait déjà 37 degrés, il fait vraiment trop chaud, c’est irrespirable.

Nous allons ce matin voir un tailleur dans les rues de Dakar. Eva a acheté du tissu pour se faire une robe.

Loïc et moi partons récupérer la voiture de location. Ici, vous pouvez oublier le loueur traditionnel, nous sommes au milieu de rien, des immeubles délabrés, aucun cadre : tu payes. Nous avons le luxe d’avoir une Toyota avec clim. Impossible de démarrer, c'est l'occasion d'un nouveau fou rire pour Loïc et moi ; nous ne pouvons plus nous arrêter de rire. Finalement nous arriverons à repartir. De retour à la maison, le frère de Loïc m’accompagne chez le tailleur car sa femme Nabou m’a offert un magnifique tissu et a souhaité que je me fasse une robe. Le moment passé chez le tailleur est unique : on y trouve de très beaux tissus, de la dentelle et toute la séance se passe dans 1m² où nous sommes cinq...

Comme à la maison...

Nabou proposera plus tard d’aller voir son grand père de cent huit ans ! Il est allongé à même le sol, les femmes sont en train de déjeuner, assises par terre. La culture fait que nous sommes presque obligées de nous installer avec elles. Nous partagerons cet instant. J’ai du mal mais je ne veux pas être impolie : je me joins à nos hôtes, je goûte le plat commun. C’est de la pomme de terre, du mouton et du blé, c’est très bon, ça a le bon goût de notre ragoût. Nous échangeons avec ces femmes qui dirigent la maison. Nous rencontrons la maman, qui tient une boutique, et le papa de Nabou, Mohamed. On croisera ses frères et sœurs, de mamans différentes. C’est finalement un peu comme chez moi. Après beaucoup d’émotions, nous repartirons à la maison. Le voyage continue.

Sally, campagne africaine... loin de tout.

Nous sommes dans un domaine au milieu de rien, nous avons chacun notre petite case. C’est un jardin d’éden: pamplemousse, citron, pastèque, et en prime des oiseaux si nombreux que les arbres en sont remplis. Il y a d’énormes chauves-souris ! Notre domaine est protégé par six gardiens, et il y a une grande piscine. Fred, qui habite ici, est un ancien parisien ; il rêvait d’ailleurs, et il a tout vendu. Comme nous.

Nous préférons acheter des fruits sur la route, dans le but d’aider les habitants : papayes, citrons, mandarines, et pastèques que tu portes à deux bras. Ce soir, nous sortons pour dîner ; nous irons à la rencontre des gens, et de cette ambiance unique, nous ne serons pas déçus. Soirée au RDC restaurant, bar et boîte tenu par un Français expatrié, d’une soixantaine d’années. A 23h, la chaleur est toujours bien présente, mais nous danserons toute la nuit. Le propriétaire découvre que nous arrivons de Tahiti, alors nous aurons droit à de la musique de chez nous. Eva et moi faisons un show, encore des éclats de rire.

Nous sommes lessivés, il est temps d'aller nous coucher. Je suis sereine d’être si loin de tout. Là où je suis, Internet coupe toutes les cinq minutes. Pour ma première nuit apaisée, je n’entends que le chant des grillons, des sauterelles, des cigales. J’ai un peu peur de tous ces bruits si nouveaux, des bêtes et des insectes. Je me coucherai en inspectant la chambre. Ce soir, j'ai ressenti beaucoup d’émotions positives.

L'appel de la nature

À mon réveil, il fait encore très chaud, il n'y a pas de vent. J’entends le bruit puissants des échanges entre les oiseaux sur les arbres : c’est impressionnant ! En prenant notre café, nous voyons un iguane, des pigeons magnifiques et nous sommes loin des pigeons parisiens tout maigres. A quelques pas, il y a des réserves d’animaux : rhinocéros, crocodiles, girafes, hyènes! Il y a des paons et des dindons. Ici, les moutons n’ont pas de laine non plus, on pourrait les confondre avec des chèvres.

Après un bon petit-déjeuner à base d’œufs de cailles et de jus d’orange pressé, nous partons sur Bandia, une réserve naturelle. Je trouve Sally plus jolie que Dakar, ce n’est pas difficile non plus ; mais tous ces gardiens autour de nous, c’est plus inquiétant que rassurant. « Je vais faire des photos pour toi, pour te raconter notre Afrique, sans toi ».

Nous sommes à l’ouest de Dakar, dans la savane avec un guide ; on ne sait pas trop sur quoi on va tomber. Notre siège est surélevé dans le 4X4, nous n’avons pas le droit de descendre de la voiture. Nous avons la chance de voir des girafes en liberté, des Buffalo, des singes qui sautent d’arbres en arbres pour nous suivre. Il y a aussi des autruches et apparemment c’est dangereux une autruche africaine... Nous apercevrons des gazelles et des zébus.

Nous passerons tout un après-midi à chercher les rhinocéros, mais en vain : ils ne viendront pas.

Si habituellement Eva et moi boycottons les zoos, là où nous sommes aujourd'hui, c’est protégé et privé, les spécialistes sont passionnés et préservent cet endroit. C’est une chance pour nous de vivre cela. Nous nous approchons d’un marécage, les crocodiles y évoluent en toute liberté ! Et ces nids d’oiseaux énormes ! J’ai l’impression d’être dans Jurassic Park.

Je rêve que ma fille soit là, mais pour arriver à voir tout cela, je pense qu'il faut vivre tout ce que nous avons vécu avant ; elle n’est pas encore prête.

CCA : C'est ça l'Afrique !

Là où nous sommes, il n’y a pas de restaurant. Mais notre Nabou a prévu du poulet cuit au citron et aux oignons, ça sera encore un délice. Loïc, Eva et moi partons à l’aventure, pour rapporter un accompagnement et de l’eau. Chaque chose que nous faisons devient un moment de bonheur. Nous arrivons devant le supermarché qui ferme ses grilles devant nous, on doit donc se diriger vers la petite épicerie dans les ruelles. Eva et moi descendons de la voiture, pendant que Loïc fait demi-tour. En l’espace de deux secondes, nous sommes entourées d’hommes qui viennent nous serrer la main ; ils veulent porter nos packs d’eau, nous refusons. Je serai moins maline, je n'aurai pas le temps de comprendre, qu’un homme porte déjà mon pack, et que deux autres m’attirent à côté pour me vendre des tissus et des gri-gri... Ce sera l'occasion d'une autre crise de fou rire.

Eva et Loïc arrivent tous les deux pour "me sauver", je parviens finalement à récupérer mon pack, et à me diriger jusqu’à la voiture, suivie par les hommes. L’un m’ouvrira la porte, pendant que l’autre me donnera une adresse pour manger des langoustes au bord de la plage : c'est un moment unique. Tu m’enverras un message. « Prends soin de toi ».

À notre retour des courses, et pour la deuxième fois, nous n’aurons pas d’eau, ni d’électricité. « CCA » : c’est ça l’Afrique ! Dîner improvisé aux bougies, aux ballons lumineux, cadencé par nos rires. Je ne peux communiquer que brièvement avec mes proches : finalement cela soigne une certaine addiction.

C’est vraiment une autre manière de vivre ici, bien différente aussi de Dakar, ou de Gorée. Plus qu'ailleurs, on doit s’adapter. Mais nous avons de la chance : ce soir, l’eau est revenue. J’ai pris ma douche avec pour seule lumière celle de mon portable ; je porte une robe de soirée en guise de chemise de nuit, je ne vois rien. Je m’endormirai la tête pleine d’images fortes et toujours avec le bruit des animaux.

Au réveil c’est le même bonheur : le chant des oiseaux fait battre mon cœur de sérénité et d’espoir. La vie est belle. Ce voyage me rappelle des priorités oubliées.


Le Bonheur simple...


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