top of page
Photo du rédacteurTaina CALISSI

Auckland... un peu plus loin.

Je ne programme jamais mes voyages ; je me contente de les envisager, et puis soudain, lorsque «je le sens », je pose une option de dates, souvent les semaines qui suivent, et alors je me laisse porter. C'est la Nouvelle-Zélande qui a ouvert mon année de voyages.  2019 sera une belle année j'en suis sûre...


©Taina CALISSI

J’ai beaucoup parlé de pays lointains sur mon blog, comme les Émirats, l’Espagne, l’Italie, la Norvège... Nous avons pourtant la chance à Tahiti d’être à tout juste 5 heures de vol en moyenne de la Nouvelle Zélande, une autre île, qui plus est, du Triangle Polynésien. Lorsque j’effectuais mes randonnées en Irlande en Novembre dernier, une pensée m’est revenue souvent : et la Nouvelle Zélande ? Aussi, quand  ma belle-sœur Arenui me suggéra le concert des Red Hot Chili Pepper au Spark Arena d’Auckland, qu’elle avait planifié avec mon frère, il ne me fallut pas longtemps pour imaginer là une extension de séjour de ma composition …


Auckland : destination Concerts et courts séjours.


Mon dernier voyage en Nouvelle Zélande, c’était sur un coup de tête, une déception peut-être... Octobre 2013 , je rejoignis un groupe de filles sur un concert improbable pour moi - celui de Rihanna - durant lequel je me surpris à me trémousser jusqu’à la fin, en transe … S’ensuivit un séjour exquis entre copines, mon amie Vanessa en guide confirmée d’Auckland.


Aussi, le concert des Red Hot Chili Pepper il y a 1 mois, à la suite de celui de U2 en Irlande, c’était parfait : la mise en bouche idéale d’un séjour d’une semaine que je souhaitais forcément consistant. Il le fut, le bonheur de passer du temps avec des êtres qui me sont chers en plus. D’abord, j’ai préféré séjourner à l’extérieur du centre-ville. Lorsque l’on a une voiture de location ou que le transport en commun est bien organisé, s’éloigner un peu de la ville présente beaucoup d’avantages surtout celui de vous faire déconnecter vraiment : impératif en court séjour ! 


Bohème Titirangi, à 15 kilomètres d’Auckland.


Direction Titirangi à 15 kilomètres et 20 minutes en voiture à l‘ouest d’Auckland. Ce faubourg est réputé pour son passé bohème ; artistes et écrivains sont encore nombreux à y séjourner semble-t-il… J’aime beaucoup cette idée et je me vois faisant face à la fenêtre, le regard perdu plus loin, le temps est comme suspendu pour stimuler ma créativité. Écrire, peindre, jouer de la guitare...? Tout est possible.


Écrire, peindre, jouer de la guitare...? Tout est possible.

Cette fois, j’ai opté pour un hébergement chez l’habitant, avec accès indépendant. Le studio n’excède pas les 30 m² avec une kitchenette adaptée pour la cuisine d’appoint et une salle de bain plutôt bien équipée ; c’est bien suffisant car je ne compte pas passer mes journées enfermée. La maison est perchée à flanc de colline au cœur de la nature non loin des plages et Titirangi jouxte les forêts tropicales des Waikatere Ranges : 16 000 hectares de forêt, + de 250 kilomètres de randonnées ( Sources Expédia.)… Je compte bien m’y perdre quelques heures.


Arrivée en fin de journée par le vol TN , la clé cachée sous le pot de fleur récupérée, les valises posées, je ne me fais pas prier pour retourner vers le petit village et rejoindre alors Scenic Road, direction Piha Beach, une plage à 20 minutes à peine, réputée pour le surf, mais aussi pour ses sentiers de randonnées qui la surplombent. Le programme vient de se ficeler : un traditionnel fish & chip, une pinte de bière pression pour assister au coucher du soleil, installé « pignon sur rue », à la terrasse du Club social où siègent les surveillants de baignade. Des gens à vélo, un garçon en skate, un couple faisant un footing... Les scènes de vie tranquille "coulent" sous mes yeux... J'aime.


Tous les chemins mènent à la mer...


Le ciel demeurera pâle et gris - c'est raté pour les photos "Instagrammable" des grands rochers de Piha Beach sous un ciel bleu qui fait mal au yeux, réchauffe le coeur et la peau à n'en pas douter. Pour ce soir, je me contenterai simplement de l'imaginer. Le cerveau n'a pas de limite... Sous le seul abri de fortune en bois posé sur la plage, un homme avec son appareil photo vient d'installer son matelas gonflable : il y passera sûrement la nuit, à chasser les étoiles et le ressac des rouleaux interminables. Il y a du vent et quelques gouttelettes commencent à tomber ; juste le temps de gratter quelques notes sur ma guitare... Non loin se trouve la célèbre Karekare Beach, la plage du film "La leçon de Piano". La nuit va bientôt tomber, je m'y rendrai une autre fois. Et puis demain, je dois marcher...


"Le cerveau n'a pas de limite"


Marcher... la marche a une puissance méditative indiscutable. Certains ont besoin de quelques minutes chaque matin pour méditer , d'autres de plusieurs heures : j'en fais partie. Marcher longtemps... Pour que les pensées se mettent en route ... ou se déconnectent... tout dépend du moment, de votre état d'esprit. Que toutes les ficelles se démêlent et s'entrelacent à nouveau, tracent d'autres lignes, dessinent d'autres réseaux, établissent d'autres logiques. Les possibilités sont infinies. Marcher, dès le matin, tôt.


"Les possibilités sont infinies"

Notre hôte de Titirangi m'a conseillé de rejoindre la plage de Laingholm, à 30 minutes à pieds. Le bord de route est agréable : peu de voitures, plein de maisons de bois perchées à flanc de montagne ; c'est souvent le désordre sur les terrasses ou dans les garages ouverts ; les clôtures sont frêles ou inexistantes. C'est ponctué de couleurs ici et là, mais la végétation domine : le bois, les feuilles, les lianes, la terre... Mon esprit est calme. Mis à part des dizaines d'oiseaux variés qui profitent de la marée montante et du soleil qui se lève, la baie de Laingholm est désertée. C'est parfait.

Un catamaran semble être amarré ici pour toujours. On se pose là et le regard se perd à l'horizon... Seule une petite épicerie est ouverte à cette heure matinale : de quoi se désaltérer et prendre une barre de céréales avant de repartir, mais cette fois en coupant par le parc Warner. Demain, je ferai une petite randonnée dans les Waikatere Ranges. Peu importent la distance et la météo annoncées : ce serait dommage de ne pas profiter des circuits multiples et variés ici.




Protéger les grands Kauri

La dame du Arataki Visitor Center ( Centre d'information touristique) de Titirangi a été charmante et efficace , nous indiquant la qualité des pistes en fonction de la météo et le temps requis pour les parcourir. Au final, peu d'alternatives pour 2 heures de marche seulement. D'autant que plusieurs des pistes sont fermées pour cause de protection des grands arbres sacrés de la Nouvelle-Zélande. Les Kauri meurent et sont menacés d'extinction dû à un agent pathogène qui attaque par la racine. Pour contenir l'épidémie, les randonneurs sont invités à user des dispositifs de nettoyage de leurs chaussures à l'entrée des sentiers. C'est ce que nous avons fait avant d'entamer la Waikatere Dam walk, une petite balade qui nous fait longer le lac de 25 hectares et nous emmène à l'impressionnant barrage que nous avons rejoint par l'arrière.



En poussant la balade plus loin on arrive sur un petit chemin de tram, en place en partie pour assurer l'entretien des pipelines du barrage. C'était interdit, mais je n'ai pu résister à l'envie de monter le grand mur du barrage en empruntant l'échelle réservée - pour des raisons de sécurité évidentes -  aux seuls préposés habilités. Une petite montée d'adrénaline à mi-parcours, ça booste (Exemple à ne pas suivre bien sûr !). Et puis, le concert des Red Hot nous attendait, mon frère et sa chérie avaient préparé l'apéro dans leur mini-suite du City Life Hotel, situé au coeur d'Auckland ; un intermède plus que sympathique  avant d'entamer la soirée. Pour la suite , ce sont les images qui parlent le mieux : du concert des RHCP à l'after au Parasol, c'était juste parfait.




Art de vivre sur Waiheke Island...


A Waiheke, c'était le bonheur pur et simple, celui de passer du temps avec des êtres qui me sont chers. A 40 minutes en ferry d'Auckland, la voiture de location embarquée également, on s'y rend comme on part de Tahiti pour aller à Moorea en weekend. 3 jours et 2 nuits nous attendent. On a de la chance : John, le propriétaire du charmant bungalow que nous louons veut bien nous y accueillir plus tôt que prévu. Ce petit cocon, Bach 26 Te Toki Road, se situe à quelques centaines de mètres de Palm Beach, une plage pas si petite qu'on le dit.

C'est sur Palm Beach qu'on finira la première journée, à prendre le soleil,  regarder le cerf-volant qu'une fillette peine à faire s'envoler, suivre du regard le chien qui court après les promeneurs pour mordiller gentiment leurs talons, écouter la musique pop anglaise du groupe de jeunes gens restés en retrait sur une butte surplombant l'entrée de la plage, puis des notes de guitare... Puis les notes de ma guitare, plus hésitantes forcément. Mon frère tentera une baignade revigorante. Moi je ne tremperai que les pieds, le temps de ramasser quelques galets que j'aimerais rapporter à Tahiti.  Le rafraichissement viendra plutôt des quelques bières sirotées discrètement... A vrai dire, on ne sait pas si c'est autorisé.



Waiheke se prête merveilleusement bien aux randonnées, à pieds ou à vélo, même à cheval. Sur le conseil de John, nous optons pour la 9 ième Biennale de Sculpture on the Gulf, une exposition à ciel ouvert comme je les aime, jalonnée d'oeuvres contemporaines - qui donnent à réfléchir - la plupart monumentales. Estimée à 2 heures, cette randonnée artistique nous fait profiter en même temps de vues imprenables sur la ligne de la City ( on distingue la skytower) depuis les baies Miro et Matiatia, en passant par la pointe Whetumatarau. C'est étrange comment certains points de vue, la silhouette des arbres, les aspérités des rochers me rappellent le nord Est de l'Espagne, la Costa Brava, où j'ai vécu près de 4 mois entre 2016 et 2017.


Savoureuse Waiheke ...


Si la marche nous a ouvert l'appétit pour une halte aux saveurs de la mer au Vino Vino, la vue y est imprenable, les odeurs de cuisines irrésistibles. Nous y découvrirons un pinot gris local , une bonne entrée en matière pour l'escapade du lendemain : Man O' War, le plus grand vignoble de l'île situé sur sa partie Est.


Au pied des falaises plongeant dans la baie du même nom se trouve un complexe idéal pour déguster les vins de la cave,  blancs, rouges ou rosés. Le jeune homme de la Tasting Room est enthousiaste et nous embarque dans sa passion et ses explications techniques et poétiques.  Nous ne résistons pas à l'envie de commander quelques verres, un plateau de fromages - deux pour tout avouer - pour "accompagner" le tout. Compotées, crackers, pain de campagne,  ciabatta et huile d'olive puissante viennent réveiller nos papilles.  Attablés face à la baie, à l'ombre des arbres, on en redemanderait si un repas gastronomique avec des amis ne nous attendait pas le soir même au réputé Mudbrick Restaurant and Vineyard, à l'extrême opposé de l'île. Ce fut une "journée gustative" terminée en beauté autour d'une cheminée mais surtout d'un verre de l'amitié, un chaleureux whisky écossais dégusté sur la terrasse d'une maison de rêve "comme dans les magazines". 



Dernier matin à Waiheke. Nous profitons du petit déjeuner livré avec la prestation de location du bungalow. L'originalité de ce Healthy kiwi breakfast viendra surtout des deux douzaines d'huitres MATUKU que mon frère et moi avons achetées la veille au soir, 13 Belgium street, pour 3 fois moins chers que proposé dans tous les restaurants que nous avons faits ( et où nous avons systématiquement commandé des huîtres... on ne se refait pas ! ). Et puis, il nous faut quitter l'île ; le retour en ferry est plutôt calme, comme un retour à la réalité. Waiheke a véritablement conquit nos coeurs.




A nous la Tongariro Alpine Crossing !


C'est une route de 4 heures qui nous attend alors que nous quittons Auckland en milieu d'après-midi, direction le Parc National de Tongariro, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO. J'aime regarder filer les paysages à travers la vitre de la voiture, le regard figé sur le film sans parole en mode "accéléré". On est excité à l'idée de faire le lendemain la Tongariro Alpine Crossing, une des randonnées les plus populaires de l'île Nord, d'une durée estimée à 8 heures environ.  

"Mon esprit est calme"


C'est ma belle-soeur qui nous conduira jusqu'à bon port, mon frère André en co-pilote GPS, moi en mode "ado" sur le siège arrière , prenant des photos, tchatant un peu, shazamant nonchalamment leur très sympathique playlist . The Discovery Lodge où nous passerons les deux nuits suivantes offre plusieurs types d'hébergement. Notre studio peut accueillir jusqu'à 6 voyageurs. Je me contenterai du lit simple pour terminer de digérer l'énorme pièce de boeuf commandée ce soir-là au Schnapps Bar dont l'ambiance nous a fait penser à certains restaurants-grill de la Route 66. 

Les Tama Lakes, comme un cadeau...


Le ciel plombé, la pluie continue et les nuages trop bas sur le relief nous empêcheront de réaliser la Tongariro Alpine Crossing le lendemain alors que nous avions consciencieusement préparé nos victuailles "santé", nos équipements et nos tenues adaptées. Les organisateurs ne prennent aucun risque ici, c'est plutôt appréciable. Mais qu'à cela ne tienne, nous nous empressons de nous renseigner sur les possibilités de randonnées annexes, un énorme petit déjeuner pour nous remettre de notre petite déception et nous voila repartis pour ... Les Tama Lakes.


"Les moments furtifs,  nés parfois d'une conviction inexplicable, n'ont pas de prix..."


Pourquoi étais-je persuadée avant même d'arriver en Nouvelle-Zélande que c'est cette randonnée que nous finirions par réaliser?  Estimée à 6 heures aller-retour, nous l'effectuerons en moins de 5heures,  en passant par la Tanaraki Falls censée être notre destination finale de repli ... mais en voyant le panneau indiquant les Tama Lakes à 2,5 heures de marche après l'étape de la cascade, une lueur a traversé nos yeux  : ce fut presqu'inutile de parler pour décider de poursuivre. "Trop de pluie"... "trop de brouillard"... "les lacs seront invisibles"... "la rivière à passer est en crue, c'est  dangereux", sont les quelques "recommandations" de randonneurs bredouilles croisés sur le chemin.


Ne suivant que notre instinct, notre soif particulière de nous couper du monde ce jour-là, ce fut un bonheur silencieux mais intense qui nous saisit lorsque se dévoila sous nos yeux reconnaissants, le Lower Tama Lake. Ces moments furtifs,  nés parfois d'une conviction inexplicable, n'ont pas de prix : on les acquiert pour toujours. C'est là la richesse véritable.