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Photo du rédacteurTaina CALISSI

Sardaigne intense !

Dernière mise à jour : 21 janv. 2019


PARTIE 2. La Sardaigne. Voilà une île qui a ravi mon coeur. Si ce n'est pas déjà fait, je vous propose de >>> LIRE LA 1ère PARTIE ICI ; sinon poursuivez votre découverte de cette île italienne authentique , version culture et nature.


Civilisation nuraghique et héritage celte ?

Si les passages phéniciens, romains, grecs, vandales fondent l'histoire de la Sardaigne, le territoire insulaire est surtout couvert des vestiges d'une civilisation perdue plus ancienne, le Nuragique. Même si mon premier séjour en Sardaigne s'annonçait court, il me fallait absolument découvrir cette facette archéologique propre à l'île italienne, une exception qui interroge encore historiens et anthropologues, dont des théories évoquent une possible origine celte. A l'appui de ces thèses, les Tombeaux des géants, en forme de grande tête de taureau vus du ciel, sont assimilés à des monuments mégalithiques qui rappellent Stonehenge. Ces installations funéraires collectives sont nombreuses et répandues un peu partout sur l'île. Nous avons, pour notre part, visité le site de Thomes, sur la côte ouest non loin du Golfe d'Orosei. Mais celui de Lu Brandali, située tout au Nord dans la commune de Santa Teresa Gallura, apparait comme une référence. Perché au dessus de la mer, face à la Corse, ce site présente également les ruines d'anciens nuraghes. Ce doit être mystique.

Les Nuraghes sont à la Sardaigne ce que sont les châteaux-forts au Moyen-Age et confèrent à l'île méditerranéenne une spécificité culturelle, qui n'existe nulle part ailleurs. Peu d'écrits ou de témoignages retracent l'histoire de ces bâtisses datant de l'âge de Bronze. Erigées autour de sources d'eau, les Nuraghes varient par leur hauteur et par le nombre de pièces qui les composent et auraient abrité des communautés de paysans et de bergers. Elles pouvaient être évolutives comme le montre le site Su Nuraxi où nous avons fait une halte après avoir quitté Cagliari. Su Nuraxi à Barumini est classé au Patrimoine de l'Humanité de l'UNESCO. Croyez-moi, même s'il s'agit d'une visite culturelle, évitez les talons aiguilles ou les savates. Car il vous faut évoluer dans des couloirs étroits et dévaler des escaliers de pierres et de terre de ces vestiges de - 1600 avant J.C . Optez plutôt pour une bonne paire de tennis. Heureusement, j'en avais deux dans la voiture!

Grand vert dans le massif du Gennargentu ...

En fait, les chaussures de sport sont à inscrire aux Indispensables des accessoires si vous allez en Sardaigne. La montagne a tellement à vous donner ! Vous pouvez l'explorer à vélo (en mode VTT ou balade romantique), entamer des randonnées pédestres de tous niveaux ou encore aller à la conquête de ses falaises granitiques ou calcaires. L'escalade dans cette région est justement très prisée des adeptes ; elle ferait le bonheur de mon ami Ewan . Il aurait cependant fallu que nous réservions une semaine plus tôt pour bénéficier d'une session. Trois jours dans la région n'ont pas suffit. C'est le risque à prendre lorsque l'on choisi de voyager en se laissant porter, de découvrir sans programmer...

On trouve des réserves protégées un peu partout sur l'île mais je ne saurais trop vous conseiller un hébergement non loin du Parc National du Gennargentu, si vous recherchez le grand vert. C'est ainsi que du golfe d'Orosei, nous avons parcouru moins d'une heure en voiture avant d'atteindre les gorges de Su Gorropu... Enfin, pas tout à fait...


L'après-midi était déjà bien entamé... Nous venions de terminer de manger lorsque l'envie nous pris de faire une randonnée. Après avoir quitté la Strada Statale 125, et pris le sentier signalant notre destination, nous sommes arrivés au parking (dont je ne suis plus très sûre du nom), celui situé dans la commune de Dorgali, province de Nuoro. Nous nous sommes équipés pour la randonnée, avons hésité devant les panneaux qui indiquaient également, dans le sens opposé, le sentier menant au village en ruine de Tiscali. Nous sommes restés finalement sur notre premier projet et avons alors entamé plus d'une heure et demi de marche.

Aux portes du plus grand canyon européen

La rivière, qui rejoint probablement le lac de Cedreno au départ du Monte Novo était notre guide. Le circuit, plutôt aisé à moyen selon les capacités physiques de chacun, était jalonné de signalisations de type GR, Grandes Randonnées. A l'issue de 7 kilomètres de marche entre roches granitiques, maquis sarde et rivière cristalline, sous un ciel quelques peu menaçant (c'était l'automne), nous arrivâmes enfin aux portes du sanctuaire naturel tant désiré. Trop tard hélas pour les franchir ! Le canyon Su Gorropu, probablement le plus grand d'Europe ferme au public dès 17 heures et il ne nous restait qu'un quart d'heure avant l'échéance. Tant pis ! Car la balade préliminaire en valait quand même la chandelle ! Nous avons pris le temps de remplir nos bouteilles d'eau à la rivière réputée buvable, nous nous sommes prélassés quelques minutes sur les grands rochers blancs, en regardant les plus chanceux revenir du canyon. La nuit n'allait pas tarder à tomber et, même si la possibilité nous était donnée de prendre un 4x4, nous optâmes pour un retour à pied.

Se rendre au grand Canyon Su Gorropu est en fait l'occasion d'une escapade champêtre familiale ou entre amis. Il est mieux de s'y rendre le matin, pour prendre son temps et surtout si les capacités physiques des randonneurs du groupe sont hétérogènes, même si la marche est réputée pour tous niveaux. Ainsi vous prenez votre temps pour profiter de la nature, faire une halte-baignade, et reprendre le sentier à votre guise. Vous aurez pris soin au préalable de composer un panier de pique-nique avec de bons produits locaux achetés à la ferme ou dans une petite échoppe du coin : pain de campagne, fromage de chèvre varié, charcuterie, tomates et pourquoi pas un peu de vin. A déguster une fois arrivé à l'entrée du canyon ou après sa visite d'une durée d'une heure en moyenne.

.... Bol d'Art à Orgosolo, l'autre côté du miroir.

Mais Gennargentu, n'abrite pas que des oeuvres de la nature. C'est également dans ce massif montagneux que niche Orgosolo, la ville de l'autre coté du miroir, où tout amateur d'art mais aussi de sciences humaines devrait s'aventurer. Avec le film néoréaliste de 1960 Banditi a Orgosolo, de Vittorio de Seta, Orgosolo et son quotidien sont mis sur la scène cinématographique et renvoient alors une image de fief à bandits. De tradition paysanne, le village est désormais connu pour ses positions anarchiques, anti-militariste, humanistes, où la liberté de penser s'affiche. Initié par le mouvement Dioniso puis alimentées par un professeur d'arts plastiques et ses élèves, les peintures murales d'Orgosolo apparaissent en grand nombre à la fin des années 60 puis dénoncent au fil du temps les événements internationaux, plus qu'elles n'illustrent les scènes bucoliques des coutumes locales.

Pour atteindre Orgossolo, nous avions quitté Alghero le matin, annulé une escale à Bosa, traversé Macomer. Le soleil déclinant en fin de journée ajoutait une tonalité particulière à la lenteur et à l'absence ambiante d'Orgossolo. Nous étions comme des fantômes, visiteurs transparents, aux yeux des quelques habitants croisés dans les ruelles aux grandes fresques. "Archétype d’une Sardaigne traditionnelle" témoigne l'auteure Francesca COZZOLI qui vient d'éditer un livre à son sujet, "Résistance acharnée des identités et des traditions" les murs d'Orgosolo "ne cessent de murmurer – et parfois de décrier – la fabrique du champ social." Son livre paru en avril dernier s'intitule "Peindre pour agir. Muralisme et politique en Sardaigne."

Cagliari, la spectaculaire...

Allez, je sais bien... Vous vous demandez quand même si sur cette île si préservée, il y a lieu de succomber aux feux de la ville et de faire la fête... Bien entendu !

C'est vrai que j'aurais pu m'accorder une halte incontournable sur la Costa Smeralda, histoire de plonger dans ses eaux cristallines, d'y croiser quelques stars, d'en récolter quelques paillettes et me bombarder de selfies ; me vanter d'une nuit dans une de ses boites select ou dans un de ses luxueux hôtels...

Depuis que dans les années 60 un prince arabe a transformé cette côte sauvage, et particulièrement Porto Cervo, en "Saint-Tropez italienne", la côte d'Emeraude est le lieu où se bousculent, surtout en été, personnalités internationales, yachts , villas, enseignes hôtelières et voitures de luxe... Mais non. Mon séjour écourté à une semaine contre 10 jours initialement programmés, côtoyer la JetSet de la Costa Smeralda ne faisait définitivement pas partie de mes "priorités sardes". La prochaine fois peut-être ...

En revanche, nous avons fait un saut au "Château". Je veux parler de Cagliari, ville la plus grande et capitale de la Sardaigne. Evidemment, une seule journée ne suffit pas si l'on souhaite vraiment la vivre. Car Cagliari, érigée sur 7 collines, est véritablement spectaculaire ! Par son aspect architectural, par sa situation, par sa lumière, par son histoire, par sa taille. Même si ses ruelles - notamment du côté des Remparts Saint Remy (Bastione di San Remy) que nous avons arpentés de bas en haut et de long en large - font vraiment penser aux ruelles italiennes où tombent des draps suspendus pour prendre le soleil et où circulent des Vespa et de rares mobylettes Ciao, Cagliari en met plein les yeux. A l'instar de toute la Sardaigne, Cagliari a beaucoup à partager si l'on est culturellement curieux.

Si c'était à refaire, je prendrais les services d'un guide pour une première visite générale, pourquoi pas le premier jour... ? Après, j'aurai tous le loisir de vivre à mon rythme les spécificités de chaque quartier de la ville. Pour ne vous citer que ceux que nous avons parcourus durant notre escale : le quartier de Castello, centre historique, pour ses antiquaires et ses ruelles typiques, le port et les ruelles de la Marina pour ses enfilades de restaurants ou encore la rue Giuseppe Manno jusque vers la rue Vincenzo Sulis, en passant la Piazza Constituzione pour le shopping et les fashionista.

Je pourrais encore vous en conter... Les alentours de Cagliari sont en effet bordés de jardins botaniques, de parc naturels où cancanent des flamands roses, de vestiges architecturaux témoins des civilisations passées, de vignobles, de la magnifique plage Poeto ...

En Sardaigne, j'ai pris un grand bol d'air, de nature, de culture et de simplicité. Tant de choses encore me reste à découvrir de cette île authentique et intense. Alors je lui dit "Adiosu"... à bientôt.


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