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Un mardi "banal" à Paris...

Dernière mise à jour : 21 janv. 2019


En quittant Tahiti pour Dubai début Février, par le vol TN 08 d'Air Tahiti Nui, je suis repassée par Paris pour un court-séjour de 48 heures. C'est devenu un rituel : quand je passe par Paris, j'inscris à mon agenda un rendez-vous artistique qui viendra alimenter mon imagination. J'ai donc glané quelques adresses entre le 11ième et le 10ième où je logeais. Malgré les cicatrices laissées par les attentats de novembre 2015, cette portion de la Capitale abrite des lieux insolites où il fait bon vivre, de jour comme de nuit. Puis je me suis attardée à Montmartre : chaque fois, c'est un parcours initiatique. J'y croise le fantôme des artistes qui ont fait la réputation de cet ancien village où poussent encore des vignes.

Escale 1 : Petit déjeuner écolo-bio, rue Bichat.

Ouvert dès 9h du matin, Le Bichat, du même nom que sa rue tristement célèbre ( depuis les fusillades perpétrées à l'angle rue Alibert au Carillon et au Petit Cambodge) me fait penser à une grande cantine aux allures scandinaves. Avec son mobilier de bois clair, sa grande verrière qui laisse passer la lumière et incite à scruter les passants, ses grands murs blancs rehaussés de luminaires design où s'entassent cageots et bocaux de fruits et légumes frais ou juste cuits pour la conservation, Le Bichat est le lieu pensé par le comédien et militant Augustin Legrand. Ici, manger un repas à moins de 10 euros rime avec santé-bio-écolo. Les jus de fruits frais, thés et infusions en libre-service accompagnent salades variées, riz aux herbes agrémenté de viandes et de légumes, soupe du jour servis dans de grands bols. Une offre sans gluten est aussi disponible. Arrivée juste à l'ouverture des portes le matin, je n'ai pas grand choix mais mon gâteau à la carotte et au paprika, ma citronnade au gingembre et mon expresso équitable suffisent à ravir mes papilles.

Escale 2 : Au pied du Sacré-Coeur en prenant rue Steinkerque.

Je décide de poursuivre ma balade malgré la pluie menaçante. Station Belleville ligne 2, direction Anvers, au pied du Sacré-Coeur. Là, je prends tout de suite à droite et longe la rue pavée de Steinkerque : boutiques de souvenirs, bistrots, bonbonnerie et chocolaterie égaient ma promenade pluvieuse jusqu'à la gare basse du funiculaire de Montmartre. A vrai dire, la course - au prix d'un ticket de métro - n'offre rien de spectaculaire sinon l'occasion d'utiliser une installation centenaire parfaitement rénovée outre une petite minute de répit pour qui ne souhaite pas gravir 222 marches (ou 32 m de dénivelés) menant au Sacré-Coeur. Etape culte, la visite de la basilique (à la pierre auto-nettoyante ai-je appris) demeure un incontournable, pas seulement pour les adeptes du film Amélie Poulain. Quant à moi, je rejoins instinctivement la Place du Tertre et ses portraitistes peu nombreux aujourd'hui.

Escale 3 : Le cerveau de Dali

Je me dirige ensuite rue Poulbot où m'attend la collection permanente de l'Espace Dali. Là, j'entre encore davantage dans le cerveau alambiqué de ce personnage étonnant. Pour me guider le parcours onirique imaginé et dessiné par l'artiste Joann Sfar, "Une seconde avant l'Eveil". Profitant de d'un séjour en Espagne au deuxième semestre 2016, j'avais visité la Maison de Salvador Dali, à Port Lligat près de Cadaques puis le Musée de Figueres. Ne manque plus que le château Gala-Dali de Pùbol figurant le fameux triangle Dalinien en Catalogne et je pénètrerai alors un peu plus les "cuisines" du Maître du surréalisme.

Escale 4 : Les fantômes du Musée de Montmartre.

Je suis HEU-REUSE ! si le Centre Pompidou ne fermait pas ses portes le mardi, jamais je n'aurai découvert ce petit bijou historique qu'est le Musée de Montmartre : ses jardins Renoir, sa maison Bel Air et l'atelier-appartement datant du XVIIe s., son illustre guide - ou du moins son fantôme - Suzanne Valadon. Au travers d'un film immersif de quelques minutes, l'artiste, modèle et résidente nous déroule un demi-siècle de la vie foisonnante de Montmartre et des artistes qui s'y sont succédé : peintres mais aussi écrivains, comédiens...

Enfant du quartier, expressionniste du XXe s., Bernard Buffet fut l'artiste qui dérange. Définitivement Magistral ! ai-je envie de dire. Avec ses grands traits noirs incisifs qui lacèrent ses toiles tantôt injectées de rouge tantôt ternes, presque monochromes ou sépia, il accroche votre regard sur des portraits clownesques, vous pétrifie devant ses natures mortes hachurées, vous balade dans les ruelles de Pigalle et vous entraîne inévitablement dans ses questionnements existentiels. L'exposition temporaire "Bernard Buffet, Intimement" est prolongée, heureusement, jusqu'au 12 mars. Courez -y ! Musée de Montmartre

Escale 5 : Cuisine et céramique.

Toutes ces oeuvres d'art m'ont ouvert l'appétit ! L'appétit de créer certes, l'appétit de manger surtout. Je suis tentée de me rendre, comme souvent, Chez Eugène, place du Tertre. Malgré des critiques virulentes quoiqu'un peu datées sur Internet, je n'ai pour ma part jamais été déçue. Pour autant j'ai repéré ce matin rue des Saules, une enseigne qui fleure bon la guinguette et le vieux cabaret. "La Bonne Franquette", dont les murs comptent plus de 4 siècles, est toute désignée pour continuer mon pèlerinage du jour puisqu'il fut le repaire entre autres de Toulouse-Lautrec, Monet, Van Gogh ou Pissaro... Accompagné d'un verre de Côte du Rhône suggéré par la maison, j'opte pour le boudin noir au piment d'Espelette. Et tant pis si l'accompagnement annoncé - un écrasé de pomme de terre aux olives - n'est plus disponible.

Assise près de la fenêtre, je contemple en face le mur de pierre à la décoration de prime abord un peu kitsch et naïve. Horloges, assiettes, carafes, oiseaux et chats en céramique s'y disputent la vedette. En réalité, les créations de Violeta Jerma que j'ai trouvées dans cette caverne magique sont empreintes de délicatesse et de poésie ; une adresse idéale pour faire plaisir ou se faire plaisir à des prix très très raisonnables.

Escale 6 : Stand up show accessibles au Paname Art Café

Bien sûr, il y a le Bataclan, boulevard Voltaire, où mon ami "Ludo les bons plans" (que j'embrasse fort au passage) a réussi à dégoter des places pour l'unique "concert retour" de Skunk Anensis ! Et puis il y a un lieu comme le Paname Art Café, un peu plus près, à seulement 200 m de mon hôtel. Avec une programmation quotidienne à partir de 18h jusqu'à 22h, le Paname Art Café est LE lieu où se relaient quotidiennement un panel de comédiens Stand Up de notoriété variable mais tous aussi énergiques les uns que les autres. Pour ne rien enlever au plaisir, l'entrée est gratuite à la condition de consommer au moins une boisson. Mais rien ne vous empêche de réserver au restaurant ; la carte est fine et les plats faits maison.

Escale 7 : Concerts intimistes et people sympathiques au Favela Chic


A moins que vous ne décidiez de poursuivre la soirée au Favela Chic, rue du Faubourg du Temple, 11e. J'avoue, je suis tombée amoureuse de ce restaurant aux notes brésiliennes qui se transforme en club ou en scène de concert intimiste, une fois les derniers repas servis sur les grandes tables de bois, au milieu d'un décor éclectique, bariolé, pimenté ! C'est là que j'ai goûté une merveilleuse caïpirinha ou plutôt caïpifruta frozen à la mangue-passion. On y rencontre aisément des people mais des people sympathiques et discrets qui ont gardé les pieds sur terre et qui passent la soirée avec vous en toute simplicité. Et puis surtout, le Favela Chic a cet autre particularité : la Popup galerie dédiée aux artistes contemporains. Outre des oeuvres permanentes, s'y tiennent ponctuellement depuis quelques mois les "Popup Store" permettant aux créateurs d'exprimer leur talent. Un passage obligé pour terminer une journée toute dédiée à l'art! Mais attention, on n'y voit pas le temps passer...

... Oui, c'est cela en somme un mardi banal à Paris : une journée bien remplie !


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